La taverne, l'enveloppe et Hikari

Il avait marché longtemps. Tellement longtemps qu'il n'arrivait plus à sentir ses jambes. Mais de toutes manières, il était bien trop préoccupé pour qu'il puisse penser une seule seconde à se reposer.

Il repensait aux horreurs que Neraïdess lui avait fait écrire à Tamarah et il s'en voulait...terriblement.
Comment avait-il pu suivre cet espèce d'ennui ailé ? Oui...comment ?

*Bah...peu importe ce qu'elle peut me dire. Moi quand j'aurai fait ce qu'elle veut, je retourne vite fait chez Tam...Même si ça lui plait pas, j'en ai rien à carrer !*

Ils étaient maintenant arrivés au petit village d'Uguisu. Il était environ 01h30 du matin et les seules personnes à être encore debout à cette heure étaient les voleurs et les dealers.

- Bien, nous y sommes enfin !
- Et que vais-je devoir faire, au juste ?
- Écoute moi bien, mon chou. Tu vas entrer dans cette taverne, là, et tu vas aller voir une certaine personne. Il devrait te remettre une enveloppe. Mais s'il refuse, essaye de le convaincre, on en a vraiment besoin !

Il était donc entré dans la taverne, et s'était approché d'un homme qui correpondait en tout point aux critères décrits par la Fée; grand manteau gris, chapeau noir cachant les yeux et de grandes ailes noires rattachées au dos.

- Bonsoir...
- ...
- Écoutez, si je suis ici, c'est pour...
- Je sais, petit...ça se voit à ta gueule...t'as l'air bien trop innocent pour rester dans ce genre d'endroit. Quelqu'un t'a poussé à venir me voir, et la seule personne que je connaisse qui oserait me demander la moindre petite chose, c'est cette putain de salope de Neraïdess...
- Vous avez vu juste, félicitation ! ^^
- Ch'peux rien pour toi, mon gars. Je me suis juré de ne plus obéir à ses désirs.
- Mais, voyons, c'est trois fois rien, elle veux juste une enveloppe, que...
- AH ! Ce truc !! Oui, je me disais bien qu'elle me le redemanderai un jour ou l'autre, la pourriture.
- Quelle perspicacité ! Vous me la donnez maintenant ?
- Héhé, c'est ça que tu veux ? Répondit-il en agitant un bout de papier devant les yeux du jeune Yoru, après l'avoir sorti d'une des poches de son manteau. Désolé, mais c'est complètement hors de question !

Là-dessus, et après avoir pris une profonde inspiration, l'Ange se leva de la chaise où il s'était assis et empoigna l'homme par le haut de sa veste. Il lui demanda à nouveau de lui remettre ce qu'il lui avait demandé où alors, s'il refusait, il allait devoir être obligé de lui refaire le portrait.

Le Valkyrie sortit alors de sa veste un long poignard en argent et s'appréta à frapper le garçon avec.
La suite s'était passée à une vitesse monstrueuse. Hikari avait donner un puissant coup de poing à l'homme qui s'était retrouvé à terre et avait laissé tomber son arme. L'Ange s'en était alors emparé, mais ne l'ayant remarqué, le Valkyrie lui avait foncé droit dessus, avec l'idée de lui administrer une solide correction.

Et puis, Hikari ne sait même plus ce qu'il s'était passé exactement. C'est bête un réflexe, un simple réflexe, ça peut enlever facilement la vie de quelqu'un.

Car au moment où l'homme s'était jeté sur lui, Hikari avait malheureusement eu le mauvais réflexe que de lever sa lame vers lui. Celle-ci s'enfonça alors dans le coeur du pauvre type et il tomba à terre, mort.

Ses doigts étaient remplis de sang et il n'osait plus bouger. Les autres cliants de la taverne, choqués, s'étaient levés de leur siège et s'apprétaient à vanger la mort de l'un des leurs.
Alors il n'avait plus d'autre choix. Il devait fuir à tout prix, et c'est ce qu'il fit, prennant soin au passage, d'emporter la petite enveloppe tant désirée.

Un peu plus tard, Hikari et Neraïdess étaient cachés dans une sombre ruelle, entre deux poubelles, et attendaient patiemment que les ivrognes se calment.
Hikari n'avait levé les yeux de ses mains, rougies par le sang.

- Comment...comment j'ai pu faire une chose pareille ? Je suis...je suis tellement...ignoble !

Les Anges ne tuent pas, mais ne sont que bonté et chaleur. Les Anges ne lèvent pas la main pour frapper mais bien pour la tendre à un malheureux. Les Anges ne volent pas, mais sont les créatures les plus pures qu'il puisse exister.
Car telle est la loi du ciel...et Hikari venait de la briser !

- ...C'est vrai...tu es ignoble, tu ne mérites pas le port de telles ailes.

Elle leva alors la main et une légère fumée noire se forma autour d'elle. Et petit à petit, les ailes d'Hikari se mirent noircir, jusqu'à devenir complètement noires.

Hikari était à présent devenu un Valkyrie, tout comme celui à qui il avait arraché la vie...

Il avait posé un regard effrayé sur ses grandes ailes devenues d'un noir ténebreux. On pouvait facilement lire dans ses grands yeux bleus l'inquiétude, et la peur grandir en lui. C'était réellement un choc pour lui que de se retrouver changé comme cela.
Il venait de passer du côté bon et pur, au côté mauvais et impur...quelle désagréble sensation il éprouvait à ce moment précis !

*Mon Dieu, mon Dieu...j'ai mal au coeur, j'ai...j'ai envie de vomir...*

Mais qu'allait-il bien pouvoir faire de sa vie à présent qu'elle ne vallait plus rien ? Il n'était qu'un meurtrier, et il n'y avait plus de place pour lui en ce monde de lumière.

- Tu vas devoir rester dans l'ombre à présent...afin que personne ne puisse jamais voir ce que tu es...

Et si...et si jamais Tamarah le voyait comme ça ? Quelle honte...quelle honte que de voir celui que l'on aime être réduit à encore moins que rien.

*Tamarah aurait tellement honte de moi...*

Ses mains posées sur son visage devenu blanchâtre, il commencait à se morfondre sur lui-même...il n'avait plus le coeur à sourir, et ne l'aurait sans doutes plus jamais.

C'était vraiment triste que de constater à quel point sa vie venait d'être gâchée. Et dire que quelque heure plus tôt, il avait encore tout ce dont il voulait.
Il est vrai que en y repensant bien, il remarquait que à part la perte de son ami cinq ans plus tôt, il avait toujours été gâté par le ciel. On peut dire que la chance lui avait souri dès l'instant où il était né.

À ses pieds était encore posée la petit enveloppe grise qu'il avait récupéré, personne n'y avait encore touché.

Après plusieurs longues minutes de silence complet, Neraïdess décida qu'il était temps de se bouger et de poursuivre la mission. Elle s'empara du papier et après l'avoir ouvert, elle en sortit un petit morceau métalique.

- Voilà déjà la clé...il ne manque plus que trouver la porte !


Les Montagnes Ensorcelées

- Et vous êtes certain que vous ne le connaissez pas plus que ça ?

Ils étaient de retour à la taverne du Village Uguisu, à la recherche de renseigements concernant le Valkyrie qu'avait assassiné Hikari quelques jours plus tôt.

- Des amis à lui ne fréquentent-ils pas cette taverne également ?

- Je suis désolé, mon garçon, je ne peux rien pour toi...

Hikari et Neraïdess avaient absolument besoin de retrouver la véritable clé ouvrant la porte du temple O-Rhia, que devait encore posséder l'individu avant sa mort. Pour ce faire, il fallait connaitre son lieu d'habitat, où il aurait pu cacher l'objet métalique.

Le tavernier ne connaissait pas personnellement le vieux Valkyrie, c'est pourquoi il lui était impossible de savoir la moindre chose lui concernant. Mais peut-être l'avait-il déjà vu en compagnie d'une autre personne, qui elle, saurait sans doutes les aider...

- Je ne l'ai jamais vu accompagné. De plus, je ne l'ai vu que deux ou trois fois, alors...

Pff, ils étaient revenus au point de départ, ils n'avaient pas la clé. Et le pire était qu'ils n'avaient absolument aucune idée de ce qu'il allaient bien pouvoir faire à présent.

Hikari s'éloigna alors du bar, et s'approcha d'une chaise où il s'assit pour mieux réfléchir.

J’étais entré dans cette taverne sans trop me soucier de si elle était, oui ou non bien fréquentée. Étant donné que j'étais déjà moi-même considéré comme infréquentable, je ne craignais pas de tomber sur pire que moi. J’avais passé la porte et m’étais dirigé vers le coin le plus éloigné et le plus sombre de la taverne, parfait pour faire les comptes de mes dernières affaires... J’étais empoisonneur, tu le sais peut être... Et à l’occasion, lorsque mes clients étaient trop lâche que pour faire le travail eux même, je pouvais aussi devenir tueur à gage, c’était d’ailleurs ce qui s’était produis pour cette dernière affaire... Si tu veux, je suis un peu le salaud de service que l’on paye pour se salir les mains à sa place... Enfin soit, j’avais encore tuer quelqu’un pour le compte d’un autre et dans le but de me remplir les poches. Bref, tu vois le genre, pas besoin de dire plus de détails... Encore une sale histoire dans laquelle j’étais impliqué et pour laquelle j’avais encore une fois à déclarer coupable... Rien de bien original, une querelle de riches qui avait mal tourner... Une fille de milieu aisé avait été promise à un homme dont la famille était réputée pour ses terres et sa fortune qui était, ma foi, fort intéressante pour une famille qui cherchait à marier sa fille. Mais la belle en aimait un autre ! Alalah ! Encore une histoire qui aurait pu bien se terminer si je n’avais été là ! Le futur mari, furieux de la trahison de sa promise, m’avait engagé et chargé de tuer moi même l’importun amant ! Mais ne vous inquiétez pas, je lui ai laissé sa chance ! Je l’ai même prévenu à l’avance ! Mais malheureusement pour lui, il n’avait pas autant d’argent que son rival ! Faut dire que ça a été marrant de le voir se traîner dans les rues à s’empêcher de manger, pour enfin se rendre compte qu’il avait été empoisonné quelques jours plus tôt et que tout avait été vainc ! Voilà, tu sais à présent à quel point je suis un salaud !

Soit, voilà que je commence à dériver sur d’autre sujet ! Revenons au plus important, tu veux ! Attablé à cette table, j’avais vu entré un jeune homme, d’environ mon âge avec deux ailes noirs dans le dos, un valkyrie ! Je sus tout de suite que ce garçon n’était pas banal ! J’écoutai donc avec attention la discussion qu’il avait eue avec le tavernier. Lorsqu’il s’éloigna du comptoir, je m’approchai de lui, les mains dans les poches.

-Dis-moi, c’est de ce vieux Jack dont tu parles ! Je crois bien le connaître ! Disons, que j’ai déjà eu à traiter affaire avec lui au par avant... Je sais même où il habite !

Je pourrais peut être l’aider, mais quoi que je ferai, cela aura un prix !

Un miracle ? Non, cela ne se pouvait...les miracles n'existaient pas. Et de plus la gentillesse pure et simple n'existait pas elle non plus. Car chaque chose avait son prix en ce monde.

- ...ah oui ? Vraiment ?

Ou peut-être lui mentait-il, tout simplement ! Qu'est ce qui lui prouvait que ce jeune inconnu lui racontait la vérité ? Enfin, après tout, qu'avait-il à y perdre, de toute manière ?

C'est avec cela à l'esprit qu'il se leva de sa chaise et s'avança vers la porte de sortie, faisant au passage signe au garçon de le suivre bien gentillement.

Dehors il faisait très frais, voir même frisquet. Le ciel était couvert de nuages gris, mais cependant il ne pleuvait pas. Les nuages retenaient leur pluie comme un enfant retient ses larmes quand il sait qu'il n'a pas le droit de pleurer, même s'il est accablé par le chagrin.

- Bien, maintenant que nous sommes seuls...dis-moi ce que tu sais à propos de ce...Jack !

Il se mit à regarder attentivement le jeune homme. C'était un humain, de toute évidence, il les reconnaissait à des kilomètres...quoi de plus normal de la part d'un ancien Ange. Il était blond et avait les yeux de la couleur du ciel. De plus...il portait un étrange sourire sur ses lèvres...sourire qui commençait à devenir particulièrement énervant.

- Dépèches-toi de parler, j'ai pas de temps à perdre !

Ahlala ! Quel courage stupide pouvait avoir ce garçon ! Il entrait dans une taverne, de toute évidence mal famée, un homme s’approchait de lui et il ne se méfiait pas ! Il l’emmenait dehors, à l’abri des regards, un meurtre vite fait en serait que trop facile ! Enfin, il faut dire aussi, que je n’ai pas l’air bien méchant... C’est pour cela que je me suis toujours dit que le nom « Drosera » m’allait à merveille. Imagine une seconde... une mouche, oui c’est cela ! Imagine une mouche ! Bon, tu la vois cette mouche qui vole et se pose quelque fois, lorsqu’elle a besoin de quelques secondes de repos ? Eh bien, elle est fatiguée, il y a déjà plusieurs minutes qu’elle ne s’est plus reposée, et tu le devines, cela fait beaucoup pour une misérable mouche ! Elle a trouvé son perchoir ! Une plante, verte aux aiguillons rouges, sur lesquels de minuscules perles paraissent s’être accrochée... Ce n’est autre qu’un drosera. La mouche, pas mécontente de pouvoir enfin se reposer, se pose nonchalamment sur la plante à l’air si innocente ! Mais la malheureuse n’a pas vu la gueule dentée de la plante qui s’est petit à petit entrouverte... Avant d’avoir pu se rendre compte de quoi que se soit, la mouche se sera vue emprisonnée, broyée, avalée, et enfin... digérée... Ma mouche, je l’avais trouvée... Un garçon d’une vingtaine d’année, l’œil avide d’information, qui m’avait entraîné dehors, à l’abri des regards ! La facilité que j’aurais eue à le tuer pour ensuite le dévaliser était déplorante, mais, je n’en ferais rien ! C’aurait été digne d’un voyou de seconde zone, qui tuait rapidement et salement, laissant toutes les preuves possible et imaginable derrière lui. Et puis... ? Qui me disait qu’il gardait son argent sur lui ? J’aimais l’appât du gain, et la prise de risque, je voulais plus, toujours plus, je ne me contentais pas du minimum... A vrai dire, je n’aimais pas l’argent pour son utilité... Car je devrais me rendre compte bien vite qu’il n’a aucune utilité... Disons, que cela me plaisait d’avoir plus que les autres... Gagner d’une façon malhonnête, narguer les hommes riches pour leur prouver qu’il ne suffisait pas d’être de bonne famille pour gagner beaucoup. Aussi, au plus je serai riche, au plus je serai un empoisonneur reconnu dans ma région... Et j’aimais être populaire ! Je regardai mon compagnon d’un sourire intéressé, j’éclatai de rire, bien malgré moi lorsqu’il parut énoncer la possibilité que je parlerais gratuitement...



-Ah ah ah ! Tu sais, mon gars, de nos jours rien n’est gratuit ! Il est évident que tu ignores à qui tu t’adresses... Mais soit ! Combien as-tu sur toi ?

Hikari fronça un sourcil et croisa les bras...

- C'est une plaisanterie ? Rassure-moi...tu rigoles n'est-ce pas ?

Mais il remarqua que le sourire restait pertinemment collé au visage du jeune homme. La tête penchée sur le côté, il poussa un long soupire, qui traduisait sans doute une sorte de sentiment de fatigue.
Pourquoi fallait-il toujours employer la manière forte ? C'est vrai, quoi ! Les gens ne savaient-ils plus comment faire pour discuter ?

- Bon, alors désolé mais tu ne me laisses pas le choix...continua-t-il, les paupières closes.

Un coup partit. Un bon direct du droit comme on n'en faisait plus.
Il s'attendait évidemment à ce que l'humain réagisse et réponde à son geste, et c'est pourquoi, il retira son manteau et l'envoya un peu plus loin.

- Allez, je te laisse encore une chance, parce que t'as pas vraiment une tête de mauvais garçon; crache le morceau !

Ce n'est pas qu'il avait envie d'arrêter le combat, mais sérieusement, s'il pouvait l'éviter cela aurait pu lui faire gagner du temps ! Car le temps était sa principalle préoccupation. Il se disait qu'en compagnie de Neraïdess, il commençait à se sentir de plus en plus mal, et qu'il fallait absolument la quitter au plus vite.

Et que ferait-il une fois libre ? Retourner chez Tamarah ne l'interressait pas plus que ça, finalement, et retrouver du travail était impensable pour un Valkyrie.
Alors, il était fort cruel de constater qu'il finirait sa vie dans les ténèbres et la solitude.

- Bah...tant pis...

Tout autour d'eux s'élevaient de nombreux cris pleintifs. De la fumée noire et blanche apparaissait de tout côtés, et une légère odeur nauséabonde commençait à flotter dans les airs.

Je reculai de quelques pas et m’appuyai sur le mur de la taverne, au loin, une mêlée de sons divers se faisait entendre. L’atrocité de la scène qui se jouait un peu plus loin ne faisaient pas de doute... Je fronçai le nez car une odeur putride s’élevait de je ne sais où, et empestait l’air ambiant de ses courants écœurants. Sang ? Feu ? Nul besoin de le savoir, je me doutais déjà de la sombre provenance de sa source sanglante... J’essuyai le sang qui s’était mis à couler de mon nez, meurtri par le coup direct et puissant que m’avait affligé mon opposant. Je baissai la tête, et déniai vaguement d’un mouvement du menton, signe que je trouvais son geste stupide.

-Tu sais, mon gars, la différence entre moi et toi ? C’est que voilà, tu as besoin de moi et de mes informations... Et moi ? Eh bien, moi je n’ai nullement besoin de toi ! Tu m’es utile en rien, et tout à fait égal... Alors, la prochaine fois, fais bien attention à ta manière de traiter une source d’information, car il se pourrait que tu tombes sur pire que toi...

Sur ce, j’envoyai mon poing directement dans le visage du jeune valkyrie que voilà devant moi... Je levai le menton, d’un air de défit et lui rappelai ce qui m’intéressait, ce en échange de quoi, j’accepterais d’accorder quelques informations que ce fut. Je pense aussi, que j’ai réellement besoin de cet argent, je me suis endetté, ces quelques temps, et à Uguisu, ce n’était jamais une bonne chose...

Je regardai le jeune homme aux cheveux ébène dans les yeux. Je le fixai ainsi quelque instants avec un air que je voulais menaçant. Je n'u pas à me forcer beaucoup, Je commençais sérieusement à me lasser de cette discution. Soudain, j'attrapai mon adversaire par le col et le plaquai violement contre le mur. J'attrapai mon couteau à ma ceinture et le posa sur la gorge du valkyrie. La lame, dangereuse et empoisonnée frolait sa peau sans pour autant la touchée. Une seule coupure de cette lame et il se torderait sur le sol dans d'atroces douleurs, son corps se paraliserait peu à peu... et bien sûr il en mourrait... Mais je n'en fit rien ! Je ne le tuerais pas, je n'avais pas que ça à faire... Je le toisai avant de déclarer :

-Ne sois pas ridicule ! Cette lame est empoisonnée et il lui faudrait peu de temps pour qu'elle en finisse d'avec ta vie ! Alors donne-moi ce que je veux et je te dis tout... Sinon...

J'arborai un sourir sadique. Je croyais bien avoir gagner, qu'il ne pourait se dégager de mon étreinte, mais pourtant...

Il regardait le bout de la lame sans prononcer le moindre mot. Il ne paraissait être ni effrayé, ni amusé. Son visage gardait plutôt une expression tellement neutre que l'on aurait pu se demander s'il avait bien conscience de ce qui était en train de se produire. Doucement, il ferma les yeux et déglutit en silence...

Le mur derrière son dos était tellement froid et humide qu'y rester adossé lui procurait une sensation des plus désagréble.
Mais ce n'est qu'après plusieurs longues secondes, qu'il s'adressa enfin au jeune humain...

- Hé...mais qu'est ce que tu fais, mon gars ? Tu sais que ce n'est pas très loyal de sortir une arme sans même prévenir ?

C'est alors que dans une vitesse surhumaine, il empoigna de sa main gauche la main qui tenait le poignard empoisonné du jeune garçon. Et dans la seconde qui suivit, aussi bien pour mettre de la distance entre eux que pour le blesser à nouveau, le Valkyrie lui donna un grand coup de pied en plein dans le ventre, ce qui eut pour effet de le faire tomber à terre quelques mètres plus loin.

- Bien...Puisque tu as une arme, permets-moi dont de prendre la mienne également...ainsi le combat ne pourra en être que plus intrerressant !

C'était l'épée qu'il avait prise au jeune Alexandre quelques jours auparavant. Sur le moment, il s'était dit qu'il en aurait sans doute grand besoin et que, de toute façon, l'Ange ne lui en voudrait sans doutes pas, à présent qu'il n'était plus de ce monde.
Hikari se mit alors à pointer l'humain de son épée d'un air de défi, se demandant au passage comment celui-ci allait s'y prendre pour s'en sortir, à présent. À moins qu'il n'ait caché une seconde arme sur lui, l'avantage était de toute évidence du côté du Valkyrie.

Sans que je pus me rendre compte de quoi que ce soit, je sentis une douleur cuisante pénétrer mon abdomen et j’entendis le bruit du choc brutal de mon corps heurtant le mur... Je pense bien que s’il n’avait été vide, mon estomac se serait vidé de lui même sur le sol gelé du pavé de cette rue. Je serrai mon poignard dans mon poing et me relevai d’un coup, me ruant sur mon adversaire. Mais je fus contraint de stopper ma course, car j’aperçu dans la main du jeune valkyrie un objet qui me glaça d’effroi... Un épée, pointée vers moi... Je devais vraiment avoir l’air ridicule à présent avec mon petit poignard ! Cela voulait-il dire que j’avais perdu ? Soudain, je sentis une rage folle m’envahir, celle que je ressentais chaque fois que je perdais. Je pointai un doigt rageur vers mon adversaire, poignard toujours à la main. Je fis défiler en ma mémoire toutes les insultes que je connaissait, mais n’en trouvai aucune qui aurait pu exprimer toute la colère, l’humiliation et la déception que j’avais à l’idée de perdre la partie. Alors je me contentai de me retourner pour abattre mon poing sur le mur le plus proche. Aux arrêtes de mes doigts, quelques gouttes de sang se mirent à perler et c’est seulement quelques secondes plus tard que je me rendis comte que j’avais mal. Mais je ne m’en souciais peu... au contraire, cela me calmait, m’empêchais de penser à ma défaite et à l’humiliation que celle-ci procurait... Soudain, lorsque je parvins à rassembler mes esprits, j’eus une idée... Sans doute ma seule chance de m’en sortir... Au coin de la taverne, juste à côté du jeune valkyrie, des tonneaux de vins reposaient l’un sur l’autre... Celui qui reposait au sol, sous plusieurs autres, était celui qui permettait aux autres de tenir en un équilibre précaire. Je ne mis pas bien longtemps à remarquer son point faible : un petit défaut de fabrication, juste en dessous du premier arceau. Il suffirait de le percer et le baril exploserait sous la pression du liquide. Le vin se déverserait d'un coup, ne permettant plus au tonneau de maintenir les autres, encore pleins, en équilibre. Mais il me fallait d’abord faire une diversion... Si bien que je m’adossai à un mur d’une des maisons de l’étroite ruelle. Je soufflai, faisant mine d’accepter la défaite tout en m’adressant au valkyrie, le poignard serré au creux de mon poing.

-J’ai perdu, je l’avoue... Soit ! Mon nom est Kyllian Drosera. Quel est le tien ?

Je ne m’attendais pas à ce qu’il me réponde tout de suite. Je désirais juste qu’il se détente, pour ensuite lancer le plus rapidement possible mon couteau sur le baril, avec toute la force dont j’étais capable. Cela ne devait pas être bien compliqué, j’avais déjà joué aux fléchettes étant petit et je savais viser. Les tonneaux tomberaient sur le valkyrie et je n’aurais ensuite qu’à m’en aller. Il m’avait humilié, il le regretterait !

Il n'avait bien évidemment pas l'intention de baisser son arme tant qu'il n'était pas certain qu'il pouvait entièrement faire confiance à ce jeune Kyllian Drosera. Bien que possédant un visage aussi doux que celui d'un Ange, quelque chose en lui paraissait si...malsaint et incertain.

- ...Je me nomme Yoru Hikari...

Hikari se disait qu'il n'avait pas vraiment de raison pour refuser de citer son propre nom après tout. Aussi avait-il répondu à sa question de la manière la plus naturelle possible. Et puis Hikari était quand même quelqu'un de bien élevé (enfin, ça dépend pour quoi) et il se devait de cette manière de répondre à toutes questions posées. Enfin, quoi qu'il en soit, quelque chose dans la situation devenait de plus en plus étrange.

- Hé ! Si tu te rends...ne pourrais-tu pas jeter ton arme à terre ? C'est en général ce que l'on fait lors que l'on perd, vois-tu ?

C'est vrai que Kyllian avait semblé préférer garder son poignard, soit parce qu'il avait oublié de le laisser tomber, chose qui aurait pu être peu probable, soit parce qu'il comptait encore s'en servir.

- ...?

Non, ce jeune homme ne serait quand même pas assez fou pour tenter quoi que ce soit contre lui tout de même ? Hikari continuait de fixer Kyllian dans les yeux sans broncher, gardant à l'esprit que ses craintes s'avereraient être fausses.

Mon plan avait l'air de fonctionner... Je me doutais bien qu'il ne baisserait pas son arme si facilement... C'est pourquoi j'avais décidé de l'attaquer par le côté tout en étant en face... Tu dois sûrement être en train de te demander si j'ai un don d’ubiquité... Eh bien la réponse est non ! Tandis qu'il s'attendrait à une attaque frontale et qu'il s'apprêterait, par exemple à dévier la trajectoire d'un couteau à la lame empoisonnée fonçant droit sur lui... Il aurait à éviter un flux de tonneaux qui se déverserait à sa droite... Mais je m’étais rendu compte de la rapidité dont il était capable... Ainsi, je savais que je n’aurais pas le droit à l’erreur... Je devrais toucher la cible désignée, ce minime défaut que j’avais aperçu, sinon... il aurait le temps de se rendre comte de ma manigance... Et pour moi... la partie serait perdue... Je ne pouvais m’y résoudre !

-Yoru Hikari... Marmonnai-je l’air pensif. Hum, tu as raison ! Je devrais jeter cette arme...

Sur ce, je lançai mon poignard, avec le plus de force et de précision dont j’étais capable... Mais voilà ! Un empoisonneur n’est pas un lanceur de couteau... et le lancer de poignard s’avéra plus difficile qu’un simple jeu de fléchette... Et la vérité est que... je ratai ma cible ! Oui, je l’avoue avec honte, mais le poignard se ficha à quelques centimètres environs au dessus de mon objectif, et une fine craquelure entama une descente –beaucoup trop longue à mon goût- avant de pourfendre mon point de visée en deux, créant un trou assez large que pour permettre au liquide de se déverser d’un coup. Le tonneau ne supporta plus le poids des autres barils encore remplis, et il se fendit, laissant rouler ses congénères vers le jeune valkyrie... Mais c’était trop tard, il aurait entendu le craquement et aurait eu assez de temps pour esquiver l’attaque...

- ...heu...c'était quoi, ça ?

Évidemment, il avait été très facile à Hikari d'esquiver les tonneaux qui mirent trop de secondes à s'écrouler. Il regardait à présent les grandes flaques d'alcool qui s'étaient formés à ses pieds, et baissa la tête en soupirant.

- Vraiment...t'es pas très bon viseur...

Là-dessus, il se retourna pour faire à nouveau face à Kyllian, et se mit à dévisager celui-ci en silence. Sa main n'avait pas lâché son épée, et était prète s'il le fallait, à une éventuelle attaque.

Hikari n'avait plus envie de rire, il s'était fortement lassé de ce petit jeu.

- Il faut en finir maintenant...

Soudain, ses yeux commencèrent à virer au rouge, et de grandes cernes se formèrent en dessous de ceux-ci. Sa peau elle-même se mit à devenir de plus en plus sombre, grise, et une aura noire apparut tout autour de lui.
Il pencha alors la tête sur le côté, tout en se mettant à avancer vers l'humain. Il ouvra la bouche, et s'adressa à lui...
Sa voix était si différente, si effrayante que l'on avait du mal à comprendre ce qu'il disait réellement. En fait, elle semblait même appartenir au Diable en personne, tellement elle inspirait la crainte et le malaise.
Arrivé devant lui, le Valkyrie le regarda droit dans les yeux et l'empoigna par le haut de sa veste.

Hikari n'avait pas très consciance de ce qu'il faisait, en réalité. Il était comme en transe, ou comme hypnotisé par des forces ténébreuses.

- Parle ! Je te l'ordonne...

Je ne compris pas ce qui m’arriva ensuite... Je ne m’aperçu pas non plus que je fut pris d’une soudaine et incontrôlable peur... Je vis mon interlocuteur changé... Pas par un simple changement courant et banal que l’on peut observé quelquefois chez les gens lorsqu’ils s’énervent... Non... Le garçon était en train de changer de façon inexplicable et terrifiante... Comme si les profondeurs de la nuit dans laquelle nous nous trouvions avaient pris possession de son corps et de son âme... Et moi, sans m’en rendre compte, j’avais reculé jusqu’au moment où mon dos rencontra le mur, dur et froid, m’obligeant à faire face à mon destin... Je fus réellement pris d’une de ces peurs que l’on ne s’explique pas... une de ces peurs qui vous tord l’estomac au point de vous en donner l’envie de vomir... Je sentis quelques goûtes de sueur perler sur mon front... Et cette frayeur croissante me poussa ensuite à vomir ces gerbes de folie qui me brûlaient la gorge depuis plusieurs minutes déjà...: des paroles, empreinte d’une crainte si intense, qu’elles n’étaient même plus dignes d’un humain... Je me sentis comme une simple proie, prise au piège dans le filet de son bourreau... n’ayant plus le choix, dos au mur et ne pouvant plus reculer... Mes paroles retentirent dans le calme creux de la petite rue déserte...dans un seul but... *"Pourvu qu’il ne s’approche pas d’avantage, pourvu qu’il s’en aille !!*

-Laisse moi ! Je te dirai tout ! Je te dirai tout !! LAISSE MOI !!

J'étais à présent tombé sur les genoux et je m'étais pris la tête entre les mains. Je me sentais de plus en plus mal... Je n'avais aucune idée de ce que le garçon était en train de faire... mais je savais une chose, c'est qu'il fallait que ça finisse au plus vite !

Il commençait peu à peu à reprendre ses esprits. Autour d'eux, prèsque rien n'avait changé; les cris de plainte ne s'étaient pas estompé, les vieilles maison n'avaient cessé de se faire consumer par les flammes et le jeune Kyllian quand à lui, était toujours présent. Il semblait être effrayé...mais par qui ? Par Hikari ? Oui...sans aucun doutes, il n'y avait que cette possibilité. Il avait bien raison d'avoir peur, d'ailleurs...

Cependant, l'expression qu'affichait le jeune humain n'était pas la seule chose qui avait changé. Au fond de lui-même, il le sentait, la sensation de désintérêt venait à l'instant de céder sa place à une toute autre chose: la sensation de haine, de puissance...

*Quelle changement des plus inattendu...je crois que...cet état me plait assez bien...*

Il tenait son poing fermé devant lui et l'observait avec une puissante admiration. Il resta ainsi plusieurs secondes durant quand il se reppela que le jeune Drosera se tenait toujours immobile dans un coin de la rue, blanc comme un linge. Il s'approcha donc de lui à pas lent, un sourire moqueur dessiné sur ses lèvres, et après s'être penché pour ramasser son manteau qui trainait encore près du mur, il s'adressa à lui...

- Je suppose...que tu vas me dire à présent...

Il écouta attentivement l'humain parler d'une voix tramblante, et citer avec précision tous les endroits que le Valkyrie devrait visiter afin de se retrouver à ce qui fut autrefois la demeure d'un certain Jack. Et quand il eut enfin fini son long discours, Hikari se leva, enfila sa veste et fit demi-tour pour s'en aller. Mais à peine avait-il fait quelque pas qu'il tourna la tête vers Kyllian en fronçant les sourcils...

- Et bien alors ? Tu viens oui ?

Remarquant l'incompréhension du jeune homme, le Valkyrie ne put s'empêcher d'éclater de rire...

- Enfin...tu ne crois quand même pas que tu vas t'en tirer comme ça, boucle d'or ! Ne me prends pas pour un imbécile...je sais qu'il y a de fortes chances pour que ce que tu viens de me dire s'avère être complètement faux. Alors je vais t'emmener avec moi, ainsi, si tu m'envoies dans un endroit dangereux, je ne serai pas le seul à avoir des ennuis, n'est-ce pas ?

Bien contre son gré, Kyllian Drosera dut quitter son village, enfin, du moins ce qu'il en restait, et suivre le jeune Yoru Hikari...

Les Forêt d'Armenhal