Marche funèbre

Nous marchions depuis des jours déjà... Et je n'avais encore réussi à semer ce fichu valkyrie ! Je le regardais marcher à une allure vive. Moi, les mains liées dans le dos, j'avais plus de mal à suivre. Je me souvins de la manière dont j'en étais arrivé là... Nous marchions, et alors que j'avais tenté plusieurs fois de lui fausser compagnie, mon compagnon de route eu la bonne idée de trouver une corde sur la route. Le malheureux hasard fit que je me retrouvai, plusieurs heures plus tard, les mains liées dans le dos, ne cessant de pester à cause des liens que je trouvais trop serrés à mon goût. J’avais à présent toutes les raisons de haïr Yoru Hikari, ce jeune valkyrie de vingt ans qui m’avait humilié en mon propre quartier, poussé à avouer des informations sans même m’avoir payé, emmené de force avec lui, attaché et finalement, le pire de tout : m'avoir surmonné "Boucle d’Or"... Tandis que je laissais défilé au sein de ma pensée toutes les manières de fuir ou encore de massacrer mon camarade, j'eus une idée ingénieuse, subtile en bref géniale. Surtout, crois moi, je ne suis pas en train de me vanter, c’est bien connu : la vérité doit être dite. Nous étions dans la forêt des mos. Une forêt bien connue pour la sauvagerie extrême de ses habitants. Le plan consistait à courir jusqu’à leur village, y faire une entrée remarquée, accompagné de mon cher valkyrie de camarade, pour ensuite admirer le spectacle du massacre de mon compagnon de route.... Pour finir, je pense qu’il est fort stupide, ce plan ! Il me faudrait encore moins de temps que lui pour sucomber aux attaques des terribles créatures. J’étais encore en quête d’idées ingénieuses, quand soudain je reconnus les lieux.

-Oulà ! J’ai déjà été par ici ! Même si ma mémoire me fait défaut, crois-moi, ce lieu ne signifie rien de bon.

Il faisait sombre et les racines des arbres s'entremèlaient étrangement en un sac noueux et végétal. La cime des arbres frôlaient les cieux de leurs pics éminents. Ce décor de titan avait tout pour me donner l'impression d'être minuscule. Je regardai le valkyrie. Serait il aussi inconscient que pour s'aventurer plus loin ? Serait il assez fou que pour continuer ? A vrai dire, j'en étais certain. Mais dans quoi m'étais-je embarqué cette fois-ci ? Dans le fond, le plus stupide des deux... je crois bien que c'est moi...

Grâce à Hikari, la marche avait été rapide et dépourvue de disputes. C'était bien simple, il suffisait que Kyllian ouvre la bouche, place le moindre commentaire plaintif, pour que le Valkyrie lui promette de lui arracher les cordes vocales. Enfin, inutile de vous expliquer que, n'ayant aucun moyen de se déffendre face à lui, Kyllian n'avait pas osé placer le moindre mot, jusqu'à ce que...

-Oulà ! J’ai déjà été par ici ! Même si ma mémoire me fait défaut, crois-moi, ce lieu ne signifie rien de bon.

Vraiment ? Alors il avait tout de même fini par l'y emmener, dans cet endroit douteux que Hikari avait commencé à s'imaginer ? Bien...pas de problème ! S'il y avait un quelconque soucis, une attaque soudaine, il aurait toujours pu se servir de Kyllian Drosera comme bouclier !

- Mhm...Kyllian...Dépêche-toi de me montrer l'endroit exact de la planque de Jack ! Ou je te jure que tu le regretteras...avait-il dit sur un ton de menace.

Il était prêt, de toutes manières, des monstres ou des brigants pouvaient bien débarquer qu'ils ne lui poseraient pas le moindre soucis ! Son épée à une main, le bout de la corde qui retenait Kyllian de l'autre, il continuait à avancer dans la forêt.

Soudain, il eut une drôle d'impression, une sensation de déjà vu. C'était comme une certaine odeur, ou une présence qu'il ne connaissait que trop bien. L'image de Calixa Wilder lui revint alors en mémoire...

Des Mos ! Oui, c'était donc cela, il y avait des Mos à proximité, des Mos en très grand nombre.

- ...Galère...

Je regardai mon compagnon pendant un moment... J’arborai un air renfrogné et un peu défaitiste...

-C'est par ici...

Dis-je simplement, en fixant les yeux du valkyrie, les sourcils froncés... Je n'avais pas le choix, et cela me dégoûtait au plus haut point... Je l'emmenai à travers bois, sans un mot de plus. Nous arrivions sur une petite plaine à l'apparence déserte. Le vent faisait frémir les brins des herbes hautes. Sous cet aspect paisible, je savais que cet endroit couvrait un danger sans nom... Nous continuons à avancer dans la prairie, frétillant sous la brise. Bientôt, nous arrivions à un petit campement, il était désert. Il n’était pas bien grand, il pouvait abrité une ou deux personnes, peut être trois, mais guère plus. Il avait été quitté en hâte. Les portes étaient battantes et les fenêtres brisées. Nous entrâmes dans la maison, la table était encore mise. Je m’adossai à un mur, attendant patiemment que mon compagnon fasse ce qu’il avait à faire... Il prit quelque chose, je ne sais pas très bien quoi, j’étais trop occupé à chercher un couteau, un coupe lettre, n’importe quoi qui aurait pu me permettre de m’enfuir. Enfin, nous sortîmes. Je croyais que je retrouverais ma liberté une fois sorti de cet endroit, pourtant encore cette fois je me trompai... Une dizaine de monstres aux dents pointues et aux griffes acérées nous encerclèrent. Je ne mis pas longtemps à deviner de quoi il s’agissait, pour en avoir déjà souvent entendu parler : des mos. Epouvanté, je me retournai vers le valkyrie.

-Hikari ! Libère moi, maintenant ! Tu as eu ce que tu voulais ! Sifflai-je, les dents serrées.

Si il ne me détachait pas maintenant, je n’aurai aucune chance de survivre... S’il m’arrive de me surestimer quelque fois, je ne pousse jamais la vantardise au point de me croire capable de me battre les mains liées dans le dos...

Il y en avait une bonne dizaine, de ces monstres répugnants qui avaient commencé à les encercler tous les deux. Mais Hikari ne craignait rien aujourd'hui. Les Mos auraient bien pu être au chiffre de cent que cela n'aurait rien changé dans son esprit. Oui, à présent la peur avait laissé place à la haine, ce qui s'avérait être une arme puissante face à n'importe quel ennemi.

- Hikari ! Libère moi, maintenant ! Tu as eu ce que tu voulais !

C'est qu'il n'avait pas tort, le brâve ! Il était en effet vrai que le Valkyrie n'attendait plus rien de lui à présent. Et bien, donc, qu'il en était ainsi !

- Ah ! Biensûr Kyllian ! Il est vrai que je n'ai plus du tout besoin de toi maintenant ! C'est pourquoi, je te souhaite bon courage pour rester en vie, attaché comme tu es...

Il dégaina son épée, déterminé à en terminer avec ces Mos le plus rapidemment possible. Car Neraïdess attendait toujours, cachée dans l'ombre, et pour elle chaque minute, chaque seconde, comptait plus que tout. Elle voulait ouvrir la porte du temple O-Rhia, et elle était décidée à ne jamais lâcher Yoru Hikari temps qu'elle n'aurait pas eu ce qu'elle désirait.

Les Mos bondirent, prêts à tuer. Dix minutes ne s'étaient pas écoulées que la moitié était déjà à terre. La lame du jeune Valkyrie tranchait têtes et bras aussi rapidement que l'éclair. Hikari se mit à rire...qu'il était fort plaisant de se sentir ainsi puissant et suppérieur !
Qu'il était agréable de sentir la vie quitter un être juste sous ses doigts ! Jamais Hikari ne s'était senti aussi bien qu'au moment où, quelque part au fond de la forêt des Mos, il avait assassiné plusieurs Mos qui avaient tenté de s'en prendre à lui.

C'est à ce moment que, d'entre les arbres, surgirent de nouveaux Mos, cette fois-ci des femelles, plus vives, plus félines que leurs congérnères morts. Des grondements féroces s'échappaient de leurs lèvres et on pouvait aisément comprendre, à leur expression furieuse, que ces créatures inertes qui gisaient ça et là dans des amrres de sang étaient leurs compagnons.

Parmi elles, certaines avaient les cheveux bruns, d'autres noirs, d'autres roux... mais une seule se démarquait par sa chevelure dorée. Elle était d'une blondeur exceptionnelle qui n'était pas sans rapeller quelque chose à Hikari. Bien que, comme toutes les autres, elle se déplaçaient à ras le sol et que son bras gauche, plus musclé, était bien moins gracieux, elle bougeait d'une manière similaire à la sienne.

D'un bond, elle se retrouva à la hauteur d'Hikari, qu'elle avait vu mettre en pièce son compagnon. Elle esquiva sans problème l'arme du Valkyrie et lui lacéra le bras de ses griffes courbes en reculant pour éviter le coup suivant, rpête à charger de nouveau, ses cheveux volants autour d'elle comme une cascade de blé, des feulements sauvages sortant des tréfonds de son être.

Je toisai le valkyrie qui venait de m'abandonner à mon propre sort. Cependant, je n'eus pas le temps de répliquer quoi que ce soit, car les mos passèrent à l'offensive. Je devais reconnaître que mon compagnon s'en sortait plutôt pas mal... Je le regardais décimer les mos un à un à une vitesse facilement qualifiable, en terme de combat, de "fulgurante"...

Soudain, je dus me baisser pour éviter un violent coup de griffe d'une des terribles créatures. Cependant, un autre monstre m’encocha un violent coup entre les côtes, sans me rater cette fois-ci. Il me lacéra le flanc de ses puissantes griffes. Je poussai un cri de rage et m'encouru vers la maison dont nous sortions à l'instant. Mais il n’était pas facile de courir les mains derrière le dos, tu en as peut être déjà fait l'expérience, petit dans la cour de récré... Je trébuchai donc et tombai face contre terre... Je sentis une main griffue se planter dans mon épaule pour me relever. Mais lorsqu'il s'apprêta à me donner un coup qui en finirait d'avec ma vie, je lui donnai un violent coup de pieds sur l'abdomen. Je poursuivis ma course vers la maison et poussai la porte sans douceur. Je cherchai un objet qui me permettrait de me libérer de ces cordes qui commençaient sérieusement à m'ennuyer... Je ne mis guère beaucoup de temps à dénicher une hache à couper le bois qui traînait dans un coin de la pièce. Je réussi tant bien que mal à la saisir. Cependant, le plus difficile restait à faire : si déjà couper les cordes qui nous retiennent les mains liées dans le dos avec un simple couteau n'est pas chose aisée, imagine ce que cela doit être avec une hache de bucheron qui fait le poids d'une enclume. Je savais que la terrible bête ne mettrait pas beaucoup de temps pour me retrouver... C'est donc derrière une armoire que je couru me cacher, le temps de couper ces satanées cordes. J'y étais presque parvenu quand soudain j'entendis le son caverneux d'une inspiration. Il m'avait flairé, je n'eu guère de difficulté pour le deviner, il se trouvait de l'autre côté de l'armoire derrière laquelle je m'étais dissimulé... Je parvins enfin à me libérer, et sans réfléchir d'avantage, je poussai l'armoire de toutes mes forces qui s'écrasa avec fracas sur le monstre. Mais cette satanée bestiole était toujours en vie, gesticulant pour se débarrasser de l'armoire... Elle prit moins de temps pour se dégager que je n’en mis pour répliquer. Elle envoya l’armoire d’un coup sec contre le mur. Elle me faisait face à présent, se préparant à bondir. Soudain, elle se lança sur moi et me percuta avec violence. Je me débâtis tandis qu’elle s’apprêtait à m’infliger un coup de dents qui me serait fatal. Mais pour cette fois, je fus le plus rapide et je lui enfonçai ma hache dans l’épaule avec un désagréable son de chair hachée et d’os fracassés. Mais malheureusement, la sale bête n’était toujours pas morte... Je levai donc encore une fois ma hache en visant le crâne cette fois ci. Il se brisa sous la lame, et cette fois-ci la terrible créature succomba sous le coup...

Je sortis en vitesse de la maison, hache toujours à la main pour rejoindre le jeune valkyrie. Il était toujours occupé à se battre.

En tout il y avait neuf individus: un Humain qui s'amusait à faire le bucheron, un Ange déchu qui n'arrivait à se retenir de rire, une espèce de femme à propos de laquelle on se posait certaines questions, et finalement, six Mos. Il aurait pu en avoir davantage si ceux-ci n'avaient été massacrés un à un par les trois premiers.

De son côté, Hikari avait été légèrement troublé par une des Moes en particulier. Son physique, sa manière de se déplacer...il ne pouvait s'empêcher d'y voir une similitude avec son ancienne fiancée, mademoiselle Calixa Wilder.
C'est étrange de constater à quel point les évènements peuvent s'enchainer aussi rapidemment. Il y avait encore peu, Hikari était encore un Ange, son avenir lui paraissait clair et merveilleux. Il avait l'amour, la santé et bien plus important que tout; la liberté. Le Valkyrie n'était plus libre à présent, tout ses faits et gestes étaient en effet surveillé de près par un maître capricieux. Sa destinée n'était à présent plus que malheur, solitude et emprisonnement.

Cependant...si tout cela pouvait lui permettre de continuer à faire du mal aux autres, s'il pouvait continuer à tuer éternellement, alors, il en était convaincu, cette vie lui correspondait parfaitement. Et tout ce qu'il avait pu vivre avec la jeune Wilder, n'était qu'un lointain souvenir caché au plus profond de son esprit. Il ne l'aimait plus, cela était chose certaine.

*À quoi m'a-t-elle servi ? Rien, si ce n'est m'avoir fait perdre mon temps...*

Alors, sans aucune hésitation, il enfonça son épée de toutes ses forces dans le ventre de la Moe. Le sang coula, la femelle tomba, et le jeune homme continua de sourire. Cela jusqu'à ce que...

=-DANGER! RISQUE ÉLEVÉ! RESTRICTIONS ENLEVÉES! POTENTIEL DE COMBAT PASSÉ DE 25% à 75%. DANGER!-=

- ...quoi ?

Il tourna la tête vers l'origine de cet étrange appel, plus qu'intrigué. Son regard se posa sur la jeune femme qui était arrivée il y a à peine quelques minutes. Peut-être avait-il mal vu, mais il lui avait semblé que de la fumée sortait de son corps...Corps qui arrivait même
à changer de forme.

* Mais qu'est ce que c'est comme créature, ça ? *

Je plantai le manche de ma hache dans le sol et m'appuyai sur sa tête. Je tuais habituellement pour de l'argent, et je considérais en ce moment que j'avais assez fait de bénévolat. C'est ainsi que je décidai de laisser au valkyrie et à l'étrange nouvelle venue, le loisir d'anéantir la horde de mos. Quelque fois, lorsqu'un mo déjà à moitié mort s'aventurait sur mon passage, je levais ma hache et l'abattais.

J'avisai la nouvelle venue durant quelques instants. La façon avec laquelle elle faisait jaillir des lames de son corps était pour le moins ...surprenante, étrange, bizarre... bref tout ces mots utilisés pour qualifier quelque chose que l'on n'a pas l'habitude de voir dans sa petite vie d'humain... De toutes les espèces que je connaissais, je ne réussi à mettre aucun nom sur cette créature. Je me surpris même à penser qu'il s'agissait là d'un être venu d'ailleurs, que l'on pouvait également traduire par "extra-terrestre"... Cependant, malgré les questions que je me pausais à son sujet, j’étais soulagé par sa venue et par l’aide éminente qu’elle paraissait nous offrir... Mais j’avais néanmoins quelques pressentiments vis à vis de cette chose à la quelle je ne comptais pas exposer ma confiance si rapidement...

Bien bien bien. Il avait réussi à trouver la clé tant désirée, et les gêneurs qui s'étaient mis sur son chemin étaient à présent entièrement anéantis. Peut-être devait-il celà à sa propre personne ou peut-être encore à ses deux autres "alliés", mais quoi qu'il en était, tout cela n'avait aucune importance. Non, en réalité, ce qui comptait, était que tous les plans du jeune Valkyries se voyaient parfaitement accomplis. Il allait enfin pouvoir se rendre au temple O-Rhia et en finir avec toute cette histoire. Bien qu'il s'en contre fichait d'être passé du côté obscur de la force, comme on dit, il n'en était point pareil de son envie de retrouver sa liberté. Il en avait royalement marre de servir de brave petit chien à une espèce de peste aillée qui passait son temps à le mater d'entre les buissons.

Enfin, soit. Après avoir rengainé son épée, il se tourna vers Kyllian Drosera, qui semblait être épuisé, et le fixa en souriant.

- Tiens donc ? Toujours en vie ? Bah...ne t'inquiète pas, la Mort a sans doute cru que tu ne vallais pas le déplacement !

N'en rajoutant pas davantage, Hikari recula de quelques pas en ricanant, et s'approcha de la jeune femme (si l'on pouvait la considérer comme une femme, bien entendu). Tout sourire, il la remercia premièrement de son aide -même s'il aurait bien sûr eu facile de se débrouiller seul- et finit par lui demander curieusement...

- Dis donc, ma jolie, c'est un bien étrange pouvoir que tu possède là. De quelle clan ou race fais-tu partie au juste ?

À vrai dire, il se s'attendait pas spécialement à ce que cette demoiselle accepte de lui répondre. Et c'est les mains dans les poches, qu'il commença lentement à s'en aller.